Dr Rmili explique la progression de la pandémie à Casablanca et réitère les conseils et les recommandations

09 septembre 2020

Le gouvernement a pris, le 6 septembre, la décision de durcir les mesures sanitaires sur l’ensemble de la ville de Casablanca, avec fermetures précoces dans la journée de commerces et de cafés restaurants, l’application de l’enseignement distanciel pour tous les niveaux de scolarité, …. La Dr Nabila Rmili, directrice régionale du ministère de la Santé à Casablanca, appelle au sens civique et à l’esprit de responsabilité des gens : distanciation physique, port des masques, désinfection, lavage fréquent des mains

La Dr Rmili ne cache pas que la situation est préoccupante dans la Région Casablanca-Settat, et surtout à Casablanca, où près de 1.000 cas quotidiens ont été enregistrés en un seul jour durant la semaine écoulée. Pour elle, l’activité économique et sociale à Casablanca peut avoir contribué à cette augmentation des cas de contamination, avec une mobilité et une vivacité supérieures à la moyenne du pays.

Par ailleurs, la responsable du ministère rappelle et indique que les habitants de la ville semblent avoir oublié la dangerosité de cette épidémie, menant une vie ordinaire et vaquant à leurs occupations habituelles. Résultat : enregistrement de 20% des cas de contamination sur les tests pratiqués dans les derniers jours. Cela étant, il n’y a aucune mutation du virus, assure la médecin, l’explication retenue étant la densité démographique, la mobilité et la négligence des gens face aux gestes barrières.

Sur les personnes contaminées, on compte environ 50% de cas symptomatiques, dans une rupture avec la situation des mois précédents quand les asymptomatiques étaient plus nombreux. La Dr Rmili s’inquiète des cas des 300.000 personnes souffrant de comorbidités, diabète ou autre, et qui, si elles venaient à être contaminées, seraient dans une situation très grave. Aujourd’hui, 100 patients se trouvent placés en soins intensifs dans la Région, soit un peu moins que la moitié au niveau national.

Certes, admet la directrice régionale, Casablanca, ville ayant enregistré le premier cas de Covid au Maroc, s’est dotée de plusieurs installations sanitaires ad hoc, avec trois hôpitaux de campagne spécialement aménagés pour affronter la pandémie. Aujourd’hui, 130 lits sont à disposition en réanimation et autant pour les soins intensifs. Mais cela, précise la Dr Rmili, et bien que la situation soit maîtrisée sur le plan sanitaire, dépendra de l’attitude et du comportement des citoyen(e)s. cette capacité risque fort et vite d’être saturée.

A Casablanca, la capacité litière est de 3.000 lits Covid, dont 1.700 déjà occupés. Cela explique le protocole mis en place par le ministère de la Santé et selon lequel tous les malades asymptomatiques se confinent chez eux, se soignant suivant les indications des médecins de la santé publique. Les malades sont ainsi examinés dans les hôpitaux publics et de campagne, avant d’être orientés selon la prégnance des symptômes.

La Dr Rmili estime à 5% environ la proportion de patients dépistés positifs qui se trouvent dans un état critique et qui doivent impérativement être admis en soins intensifs. Le problème est également dans le fait que les malades sont dépistés relativement tard, d’où la situation préoccupante du nombre de décès. Réaction du ministère de la Santé : les diagnostics médicaux n’attendent plus les résultats des tests PCR, mais se fondent davantage sur les états cliniques et les scanners des patients ; cela permet en effet d’aller plus vite et de démarrer les protocoles de soins plus tôt, et donc plus efficacement.

« J’appelle l’ensemble des Casablancais(e)s à se présenter immédiatement dans les structures sanitaires de la ville dès qu’ils/elles ressentent une difficulté respiratoire, une gêne musculaire, n’importe quoi d’anormal dans leurs corps…, sans attendre de se soumettre à un test de dépistage PCR », martèle la responsable régionale de la santé publique. Pour elle, les mesures prises par le gouvernement sont nécessaires et même obligatoires pour protéger la capacité hospitalière de la capitale économique, mais rien ne pourrait se faire sans une adhésion et une prise de conscience de la population.

Les personnels de santé sont submergés, mis font face. La Dr Rmili les remercie, les exhorte à tenir encore car l’épidémie n’est pas encore passée. Et bien sûr, encore une fois, de la vigilance, encore de la vigilance et toujours de la vigilance.