Le tramway de Casablanca a huit ans, et que des succès à son actif

15 décembre 2020

Nous sommes le 12 décembre 2012, le 12/12/12, et Casablanca inaugure sa première ligne de tramway. Les habitants de la ville sont sceptiques mais ce nouveau mode de transport, avec sa couleur rayonnante, se fond très rapidement dans le paysage urbain et s’impose comme mode de transport efficient, rapide, sûr et surtout, avant tout, propre. C’est la Ligne T1.

Il aura fallu juste une année pour que les Casablancais adoptent le tram, avec 22,8 millions de voyageurs en 2013, 31 millions en 2014, avant de se stabiliser aux alentours de 34/35 millions dès 2017/2018… une augmentation de 60% en 3 ans, de 2013 à 2016. Des jeunes, étudiants ou professionnels, en particulier, et les femmes, à hauteur de 49%, alors qu’elles sont statistiquement moins mobiles que les hommes.

Face à cet indéniable succès et à l’adhésion massive des Casablancais pour le tram, la société de développement local Casa Transport a lancé la ligne 2. Cela a pris du temps, les travaux ont perturbé la circulation, mais au final Casablanca a eu sa deuxième ligne desservant plus de quartiers et transportant davantage de voyageurs. Et de fait, de 2012 à 2019, 244 millions de voyageurs ont emprunté ce moyen de transport, avec 50 millions pour les deux lignes T1 et T2 en 2019 (contre environ 35 millions annuels jusqu’en 2018), et une moyenne de 80.000 voyageurs quotidiens pour la T2 qui a donc « capitalisé » sur la T1, les Casablancais étant déjà familiers de ce type de transport.

Traversant les quartiers d’affaires de la capitale économique du royaume et reliant plusieurs quartiers aux plages de la ville, le tramway a permis à des cadres, commerçants, enseignants et professions libérales, plus généralement à toutes les catégories socioprofessionnelles, d’emprunter quotidiennement le tram, initiant un changement de comportement des gens qui laissent désormais leurs voitures personnelles pour prendre le transport public, une idée impensable jusqu’en 2012.

Ce qui a permis cette large acceptation de ce qu’on appelle désormais « un objet social », c’est que le tram de Casablanca dispose de toutes sortes de fonctionnalités envers les personnes, pour leur sécurité, et leur confort, avec des barrières sécurisant le périmètre des stations et la voirie, des aménagements de rampes d’accès dans l’ensemble des stations, des bornes d’information voyageur équipés de boutons sonores, des aménagements multiples pour personnes à mobilité réduite (matériel roulant et génie civil permettant un accès optimisé et espaces à eux dédiés dans les rames..).

Par ailleurs, le tram de Casablanca est un véritable patrimoine ambulant, desservant tous les lieux symboliques et historiques de la ville ainsi que plusieurs de ses quartiers emblématiques : Place des Nations Unies, Centre historique, Mers Sultan, Hay Mohammadi, Sidi Bernoussi, Ain Sebaa, Sidi Moumen, Plage de Ain Diab, Ain Sebaa, Clubs sportifs, Cité financière, Gares Casa voyageurs, Casa Port, Oasis, etc… et 40 établissements scolaires. Et les gestionnaires du tram n’ont pas oublié l’aspect culturel, avec une convention de Partenariat avec l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca ou encore des initiatives du type de « Qra tewsel », ces bibliothèques éphémères placées dans les stations et les rames.

En outre, et avec 780 caméras de surveillance et des personnels de maintenance et de sécurité un peu partout dans les stations, les femmes qui représentent près de la moitié des voyageurs affirment se sentir en sécurité. Et de fait, la société gestionnaire a tout prévu : barrières de sécurité, des potelets au niveau des carrefours, une signalétique précise, des chicanes au niveau des passages piétons, de nombreuses actions de sensibilisation ont été menées dans les quartiers et dans les établissements scolaires.… Et de fait, aucun décès enregistré parmi les passagers depuis 2012 et, pour son année de lancement, la ligne T2 a connu moins d’accidents que T1 lors de son lancement, soit -9,5 %.

Mais, bien malheureusement, la crise sanitaire de la Covid-19 a eu comme conséquence une baisse drastique de la fréquentation du tram, de l’ordre de 30 à 60%, au plus fort de la période de confinement vécue par le royaume de mars à juin 2020. Cependant, les responsables de Casa Transport ont très scrupuleusement veillé à la désinfection intégrale, systématique et régulière des rames, au respect du port du masque par les voyageurs et à leur respect des gestes barrières, en plus des messages de sensibilisation régulièrement diffusés dans les rames et les stations…

Et pour 2021, la ville prévoit le lancement des travaux de plateforme voie ferrée et d’infrastructure de quatre lignes multimodales intégrées :

  • Deux lignes de Busway (BHNS) longues de 24 km, avec achèvement des travaux prévu en 2022 ;
  • Deux lignes de Tramways (T3 et T4) longues de 22 km, et dont l’achèvement des travaux est daté à fin 2023.